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Chroniques d'Hassan Cheyeb
27 avril 2015

Marine Lepen

Je saisis l’occasion qui m’est donnée avec ce billet de Démosthène 2012, sans doute l’un des meilleurs du moment, pour vous faire part de quelques réflexions sur ce mélodrame politico-familial. Car au-delà du parti Front National stricto sensu, c’est avant tout une histoire de famille. C’est quasiment Dallas! Et pour ce qui me concerne, je vois dans le Front National un parti familial. Un clan même. Vous connaissez tous le « jeu des 7 familles »? Ici, dans la famille Le Pen, je voudrais le père, je voudrais la fille, je voudrais le mari (pardon le compagnon), je voudrais la nièce (ou plutôt la petite-fille)… je n’ai pas fouillé mais il doit bien y avoir d’autres accointances familiales dans cette structure clanique. J’y vois aussi une structure de type dictatorial, à l’instar de ces dictatures à travers le monde, (dont nombreuses ont fini comme vous savez, à tort ou à raison). Avec une succession dynastique. Le FN serait donc un parti qui attend patiemment son heure pour s’emparer du pouvoir ( par les urnes il est vrai) et imposer sa dictature. Un bien grand mot me direz-vous pour un moindre mal… Je n’en suis pas si sûr! Alors ce mélodrame politico-familial me laisse sceptique. Nous savons tous que la jeune et jolie Marion est la préférée de Jean-Marie, le grand-père. Sachant que Marine voit d’un très mauvais oeil la venue de sa nièce en région PACA, j’y vois là un coup de pied de l’âne à Marine pour imposer cette jeune étoile montante et filante à la tête de la région, mais au demeurant pas si brillante qu’on voudrait bien le faire croire, si j’en juge par mes récentes lectures sur ce sujet. Je sais, « les gens disent, les gens médisent… ». Jean-Marie ouvrira-t-il la porte du cockpit avant que l’avion ne s’écrase? Nous le saurons dans le prochain épisode. //RO Le coup est peut-être rude sur le plan personnel pour Marine Le Pen, mais c’est aussi une opportunité inédite. Grâce à l’interview donnée au délicieux journal Rivarol par son père, elle va pouvoir enlever ce patronyme qui la gêne depuis 2011 pour ne garder que la courageuse (paraitrait-il) « Marine », qui orne les intarissables slogans « Marine Présidente », « Marine 2017 » ou le très pressé « Vite Marine ». La dédiabolisation de 2011 a essentiellement été acceptée au nom du changement de personnalité, sur le mode du « attendons de voir ce qu’elle dit et fait » qui colle aussi aux actuels maires frontistes et est difficilement rejetable. Il n’a fallu qu’une campagne présidentielle pour se rendre compte qu’aucune embellie n’était à prévoir (avec notamment la question de l’étiquetage hallal et en 2010 celle des prières de rues), Marine Le Pen n’ayant pas repris la tête du Front National pour rien. Cette occasion de se débarrasser définitivement du boulet paternel et surtout de l’héritage est donc belle mais n’est pas sans poser de problèmes. On pourrait deviner le nom de l’interviewé rien qu’en lisant les saillies rivarolesques sur la traîtrise de Pétain, la mention du « monde blanc » ou les différences entre les fils d’immigrés et les Français « de souche ». C’est un registre typique du pirate de la vie politique qui aborde la question politique avec la finesse d’un Panzer et la nostalgie d’un para d’Algérie. En acceptant de se faire interroger par un « journaliste » de Rivarol, quelques jours seulement après la réitération de ses propos sur la Shoah chez Bourdin, il connaissait les possibilités de provoquer que cela lui donnerait. Il suffit de regarder une des remarques de son interlocuteur : « Car au nom de la Shoah on ne peut pas maîtriser l’immigration et inverser les flux migratoires car, nous dit-on, ce serait déporter les immigrés comme furent naguère déportés les juifs ; on ne peut pas défendre la famille et les valeurs traditionnelles car c’est faire du pétainisme ; on ne peut pas critiquer l’influence de la franc-maçonnerie et d’autres lobbies « puissants et nocifs » dans la vie politique car ce serait faire du vichysme ; on ne peut pas contester la condamnation de la France par Chirac au Vel d’Hiv’ en 1995 car ce serait manquer de respect aux « victimes de la Shoah » ; on ne peut pas dénoncer les incessantes réparations financières réclamées à la SNCF ni dénoncer le rôle de la finance internationale anonyme et vagabonde car ce serait être suspect d’antisémitisme ». Cette suite de propos plus que vaseux ressemble fort à un défi fait à sa fille : elle qui cherche à se défaire de cet héritage d’anciens de Vichy et d’Ordre Nouveau et laisse à d’autres (Collard, Philippot) le soin colmater les brèches entre les deux générations – tout en plaidant elle-même la singularité des positions paternelles – devra oser virer son père pour être enfin tranquille. Qu’elle l’accepte ou non, le patriarche sera fixé, et c’est la première option qui semble l’emporter. Mais c’est sans doute malgré lui un cadeau fait à son désormais adversaire politique : Marine Le Pen a pris la voie la plus préférable (et la plus morale) et n’a pas plié. Elle apparaît donc 1°) comme une femme courageuse de vouloir mettre son père au pas (on ne sait si elle y parviendra), 2°) comme une femme luttant contre l’antisémitisme et 3°) comme une femme pourvue d’éthique politique, qui traite pareillement les auteurs de propos condamnables, quel que soit leur statut dans le parti. Ceci étant susceptible de relancer le FN alors qu’il a atteint une sorte de palier (à prendre avec précaution et espérons-le permanent) lors des départementales en termes de voix. Cette affaire, en tant que question d’autorité de la présidente sur un responsable marginal et non une guerre des chefs comme à l’UMP, ne peut donc que profiter à l’image du Front National. Cependant, le nouveau souffle qu’il pourrait y trouver ne sera que d’ampleur limitée, car il ne se nourrira que d’une catégorie très spécifique d’électeurs : les sympathisants de la fille qui ne votaient pas FN en raison de la présence du père, catégorie qui plus est réduite car la plupart ont clairement assimilé le changement de tête, et le transfert de voix s’est surtout effectué après 2011.

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